Le 12 janvier 2020, Haïti a commémoré le 10ème anniversaire du séisme dévastateur qui a emporté de nombreuses vies humaines et une grande partie du patrimoine du pays. Un peu partout dans le monde, en Europe comme en Amérique, on s’est souvenu de cette date et de nombreuses voix se sont unies pour renouveler leur solidarité avec Haïti.
Dix ans après, Haïti ne s’est pas relevé de cette catastrophe. Un coup d’œil rapide indique que les séquelles du séisme sont encore bien présentes dans l’environnement physique du pays, dans les bâtiments, dans le corps et le cœur des gens. Malgré les milliards de dollars mobilisés, peu de choses ont vraiment changé en Haïti au cours de ces dix ans. Les indicateurs socio-économiques et politiques sont au rouge. On s’est contenté de panser superficiellement la plaie, sans en diagnostiquer les causes qui ne sont autres que ces structures pourries, dysfonctionnelles de l’Etat qui gouverne Haïti et qui n’a pris aucune mesure pour éviter une telle catastrophe.
10 ans après, le peuple haïtien s’est souvenu, surtout à la capitale et dans les communautés limitrophes qui avaient été victimes. Les activités ont eu lieu dans des églises, des associations, des groupes de quartiers. Dans les médias, beaucoup de débats, de reportages sur ce que sont devenus les habitants des camps qui s’étaient érigés un peu partout dans la capitale en 2010. Mais les haïtiens n’ont pas eu l’opportunité de commémorer dans l’unité, de manière coordonnée au plus haut niveau et avec une dimension nationale, cette importante date. Le président s’est contenté de déposer, dans une ambiance de contestation, une gerbe de fleurs au mémorial où sont enterrés les corps de la majorité des victimes. Ensuite il a dévoilé le nom de la firme gagnante pour la reconstruction du futur palais national. Aucun acte symbolique, aucune inauguration en la circonstance qui montre une certaine attention pour les populations les plus vulnérables, pour aborder le problème de logements, des services de base. Les gens qui ont le pouvoir de l’Etat en mains ont commémoré ce dixième anniversaire, en ignorant complètement la population.
Une note positive et nouvelle pour ce dixième anniversaire : dans les différents groupes qui ont réalisé des activités, on a beaucoup parlé de renaissance, de la nécessité d’un nouveau départ, sur de nouvelles bases. Pour la circonstance, des gens, surtout des jeunes se sont projetés dans l’avenir, en essayant de définir à quoi pourrait ressembler l’Haïti de demain. Dans beaucoup d’activités, les gens ont réfléchi, mais aussi ont ri, ont joué ensemble, comme une façon de dire qu’on ne veut pas mourir. Un groupe dénommé AMOUNI (Gens Unis dans l’Amour) a essayé de faire passer l’idée de la nécessité de cette renaissance et de la construction d’un nouveau Collectif pour un meilleur vivre ensemble. Son mot d’ordre: « Ce 12 janvier, soyons 12 millions à nous mettre debout, ici et ailleurs, pour la renaissance d’Haïti et la construction d’un bien-être pour tous et toutes ». Les initiatrices et initiateurs de ce mouvement appellent les haïtiens à prendre appui sur des valeurs fondamentales de sa culture, de son histoire, notamment la solidarité, pour construire ce nouveau collectif.
Malgré les nombreuses adhésions à cette vision, beaucoup de gens sont demeurés sceptiques, en raison de l’ambiance morose qui règne dans le pays. La crise politique qui avait occasionné pendant plus de trois mois le blocage de toutes les activités, n’est pas encore résolue. Elle risque de s’aggraver à partir du 13 janvier avec la caducité du Parlement. Beaucoup de gens se demandent « que va-t-il se passer en 2020 ? Pour d’autres, il faut se mettre debout, se prendre en charge ou disparaitre.