Les principales organisations paysannes haïtiennes ont lancé un appel à la solidarité nationale et internationale auquel la CoEH répond en publiant ce note de solidarité sur notre site.
Le 28 avril 2023 les principales organisations paysannes haïtiennes ont publié une note de solidarité avec les paysans(nes) haïtiens(nes). Les organisations signataires dénoncent les actes de répression, d’accaparement des terres, d’arrestation et de violence sans limite dans tout le pays. Les organisations dénoncent aussi fermement l’inaction de l’État haïtien qui laisse comprendre que cette violence à l’égard des paysans(nes) sert les intérêts de cet État et certains groupes de pouvoir.
Voici le texte de la note des organisations paysannes haïtiennes:
Port-au-Prince, Haïti, Jeudi 28 Avril 2023
NOTE DE SOLIDARITE PAYSANS.NES HAITIENS.NES CONTRE LA
REPRESSION ET LES ACCAPAREMENTS DE TERRE DANS TOUT LE PAYS
Nous, organisations signataires de cette note, dénonçons avec la plus grande fermeté les actes
de répression, d’accaparement des terres, d’arrestation, d’intimidations et de violences sans
limites contre les paysans.nes dans diverses régions, plusieurs départements du pays tels que :
Papay/Hinche, Piattre/Montrouis, Bedou/Férier, Prevoyance, Pitobert/Wanament, Limonade,
St-Michel de l’Attalaye et bien d’autres endroits dans le Nord-Ouest, le Sud, l’Ouest, etc.
Nous manifestons notre plus grande solidarité avec toutes les communautés, les organisations
paysannes, organisations de producteurs (trices), organisations de femmes, entre autres qui
subissent continuellement les assauts des criminels de tout acabit, utilisant les gangs armés et
les système judiciaire pour commettre leurs forfaits.
Les bandits bien connu ont déjà détruit plus de 40 maisons à Piâtre, vandalisé de nombreux
champs, jardins et espaces cultivables, sources de revenus et de vie des paysans (nes), pillé des
biens de toutes sortes. Les communautés et les organisations comptent plusieurs morts et des
dizaines de blessés (es). Malgré les cris des paysans (nes), nous observons avec perplexe la
surdité, le laxisme et la non -réaction et de réponses, l’absence complice de l’État haïtien face
aux différents actes de violence contre les paysans(nes) à travers le pays, particulièrement dans
les zones et localités précitées. Cette inaction de l’État laisse comprendre que cette violence à
l’égard des paysans (nes) sert les intérêts de l’État haïtien et des acteurs qui le contrôlent et est
inscrit dans un plan global « anti-paysan », « anti-peuple » qui a commencé avec l’Occupation
américaine de 1915 et se poursuit avec les mêmes acteurs pour atteindre le même but qui est
l’élimination de la paysannerie sur la scène politique et économique, détruire la production
nationale et livrer la population aux mains des marchands du bord de mer, des produits importés
sous le « discours propagandiste de développement ».
Ce qui se passe dans la commune de Montrouis, dans la colonie agricole de Prévoyance, dans
la zone de Pitobert avec la chasse aux paysans.es de manière violente au profit de l’industrie
textile, des agro-industriels, des investisseurs immobiliers, des hôtels de luxes et d’autres types
d’activités liées à un modèle d’économe extravertie, menaçant l’environnement, la vie, la
souveraineté alimentaire du pays, ce n’est autre que la mise en œuvre de projets capitalistes
visant la destruction des écosystèmes et les moyens de vie des populations. Divers politiciens,
hommes d’affaires et autres acteurs au service du capitalisme utilisent des gangs armés pour
rendre les espaces « invivables » pour les masses populaires, en particulier les paysans.nes,
comme un moyen pour que les grandes multinationales puissent s’accaparer des terres agricoles
afin de développer des méga projets tels que: zones franches industrielles, exploitation minière,
projets « immobiliers », zones franches touristiques, agriculture industrielle, Usines de vétiver,
pompes à essence, etc.
Nous, organisations signataires de cette note, constatons que la situation de terreur contre les
paysans.nes pour empiéter sur leurs terres agricoles a déjà de grandes conséquences sur
l’économie, l’environnement, la biodiversité et la culture du pays ; une situation qui tend à
s’aggraver de jour en jour en raison de la complicité de l’État et l’absence de politiques
publiques, capables de répondre convenablement aux vrais problèmes du pays et aux
revendications des masses populaires haïtiennes. Les conséquences de la mise en œuvre de ces
mégaprojets sont plus de pauvreté, plus de chômage, aggravation de la situation de l’insécurité
alimentaire, mis en péril des initiatives agro-écologiques visant à aborder la question de la
souveraineté alimentaire du pays, la destruction des écosystèmes terrestres, marins, sans
aucune perspective d’avenir.
Face à ce projet de la mort, nous, organisations signataires de cette note, lançons un APPEL A
LA SOLIDARITE NATIONALE ET INTERNATIONALE avec toutes les communautés,
toutes les organisations paysannes auprès de toutes les organisations paysannes qui subissent
chaque jour des agressions, des intimidations, des violences telles que : Mouvman Peyizan
Papay (MPP), Tèét Kole Ti Peyizan Ayisyen (TK) , Konbit Ekolojis Sid (KES), Mouvman
Peyizan pou Developman Savanolèt (MOPDES), Mouvman Peyizan San Tè Sid
(MOPSATES), Solidarite Fanm Ayisyèn (SOFA).
Nous, organisations signataires de cette note, dénoncent avec tous nos cris de révolte,
l’arrestation de tous (tes) les paysans.nes dans le cadre de ces répressions dirigées. Nous
exigeons la libération de tous (tes) ces paysans (nes), en particulier notre camarade vivant dans
la colonie Prévoyance, arrêté illégalement sous le nom de Dieudonné Félix, par des armés, accompagnés d’agents de la police, à la solde des spoliateurs, des accapareurs, avec un
mandat entaché d’illégalité qui porterait la signature du juge d’instruction dans la juridiction de
Fort-liberté, Margarette Georges depuis 2021. Le camarade est arrêté alors que le nom inscrit
sur le mandat qui lui a été présenté au Commissariat de Police n’est pas le sien.
Enfin, nous lançons un vibrant appel à tous (tes) les paysans.nes haïtiens(nes) à se mobiliser
pour faire échec à tous les projets, mégaprojets qui mettent en péril leur espace vital, leur source
de revenus, leurs communautés, pour défendre l’agriculture paysanne familiale agroécologique afin de contribuer à la souveraineté alimentaire du pays, à la justice climatique.
Les terres agricoles appartiennent aux paysans.nes qui les travaillent !
Contre les violences, répression et menaces à l’encontre de la classe paysanne !
Pour un modèle d’agriculture paysanne familiale agro-écologique !
Que Vivent les luttes paysannes pour la souveraineté alimentaire !
Organisations signataires :
Tèt Kole Ti Peyizan Ayisyen (TK)
Solidarite Fanm Ayisyen (SOFA)
Mouvman Peyizan pou Devlopman Savanolèt (MOPDES)
Mouvman Peyizan Papay (MPP)
Mouvman Peyizan San Tè Sid (MOPSATES)
Kolektif Ekolojis Sid (KES)solidarité
Platfòm Ayisyen k ap Plede pou yon Devlopman Altènatif (PAPDA)
Kolektif Jistis Min (KJM)
Platfòm Òganizasyon Ayisyen k ap Defann Dwa Moun (POHDH)
Sosyte Animasyon ak Kominikasyon Sosyal (SAKS)
Enstiti Kiltirèl Kar Levêque (ICKL)
Konbit Òganizasyon Sendikal ak Popilè yo (KONBIT)
Kòdinasyon Plantè Seksyon Kominal Ba Maribawou (KPSKBM