Ces dernières années la Coordination Europe-Haïti a mené un plaidoyer pour le renforcement de la sécurité/souveraineté alimentaire en Haïti. Avec un marché très ouvert et un secteur agricole négligé pendant des années par le gouvernement haïtien, le pays est devenu extrêmement dépendant d’importations alimentaires. Actuellement les revenus d’exportation viennent principalement des produits textiles bon marché tandis que les produits importés sont pour la majeur partie des produits alimentaires. Le niveau d’insécurité alimentaire est très élevé, surtout et paradoxalement dans les zones rurales où l’activité agricole est une agriculture de survie et où la population est très dépendante de la production locale.
Des membres de la Coordination Europe-Haïti soutiennent des organisations partenaires locales avec des programmes de développement agricole. Par exemple : formation et renforcement des coopératives de producteurs, avec une attention particulière pour la situation des femmes agricultrices ; la mise sur pied de chaînes de production rentables, p.ex. le secteur laitier ; des projets dans le domaine agro-écologique.
Les organisations partenaires en Haïti, ensemble avec la Coordination Europe-Haïti à Bruxelles, ont réussi à mener un bon plaidoyer auprès de l’Union Européenne pour qu’elle fasse de la sécurité/souveraineté alimentaire une priorité dans ses programmes d’aide. De 2014 à 2020 le développement rural et agricole est une des priorités de l’UE en Haïti.
EU Haïti Programme Indicatif National 2014-2020
En présence du commissaire européen au développement, M Neven Mimica, on a signé le 21 avril 2017 un accord qui concrétise un financement additionnel au programme de Sécurité alimentaire Sud (SECAL) d’un montant de 4 million euro, afin d’aider au relèvement post Matthew.
Cette enveloppe financière permet de reconduire pour deux ans le programme SECAL, afin d’améliorer la sécurité alimentaire et les revenus des populations rurales, toujours vulnérables après le passage de l’ouragan. Le programme SECAL, lancé en 2012 et co-financé par l’Agence Française de Développement, visait initialement à augmenter la production agricole de la plaine des Cayes. Selon l’UE, cette nouvelle enveloppe permettra d’étendre l’action y compris dans les mornes, afin d’aider à reconstituer les moyens de production des producteurs durement éprouvés par le passage de Matthew.
Le défi est d’élaborer des programmes significatifs et efficaces pour aider les petits agriculteurs à produire suffisamment pour leurs familles, et d’en faire des entreprises agricoles familiales qui produisent et transforment leurs produits afin de les commercialiser sur le marché local et régional.
La Coordination Europe-Haïti est préoccupée par le retard dans les négociations entre l’UE et le gouvernement haïtien pour la mise en exécution du Programme Indicatif National 2014-2020. De bonnes intentions n’ont pas encore été traduites en actions. La CoEH continuera à insister pour la réalisation de cet objectif. L’UE et le gouvernement haïtien devraient travailler étroitement ensemble avec les organisations paysannes locales et soutenir les initiatives de la société civile afin de faire du développement rural une initiative à succès.
La sécurité alimentaire a régressé de façon significative fin 2015, début 2016, dû à la sécheresse, El Niño, l’absence de soutien gouvernemental aux agriculteurs locaux et la détérioration de la situation socio-économique. Selon le Conseil National de la Sécurité Alimentaire (CNSA) pas moins de 3,6 millions de personnes vivent en situation d’insécurité alimentaire.
La Coordination Europe-Haïti continue d’encourager le soutien aux petits agriculteurs locaux comme mesure préventive pour contrer la détérioration de la sécurité alimentaire. Si l’aide alimentaire peut devenir nécessaire, les agences devraient donner la priorité aux achats de produits alimentaires locaux. L’importation de nourriture pour contrer la crise devrait se limiter à complémenter ce qui n’est pas disponible sur le marché Haïtien. Les petits agriculteurs pourraient effectivement se trouver en situation difficile de vendre leurs produits si l’aide alimentaire n’achète pas leurs stocks.